77 centimes pour un dollar. C’est la somme exacte qui sépare les femmes des hommes, à travail égal, selon les dernières données de l’ONU Femmes. Et derrière ce chiffre, ce n’est pas qu’une histoire de fiches de paie : c’est toute une mécanique sociale qui s’enraye, des bancs de l’école jusqu’aux bancs de l’Assemblée.
L’inégalité des sexes ne s’isole jamais vraiment ; elle croise et renforce d’autres formes de discrimination, et ce sont toujours les mêmes qui se retrouvent au pied du mur. Les lois bougent, les discours s’enchaînent, mais dans les faits, l’écart se reproduit, génération après génération.
Plan de l'article
- Pourquoi les inégalités entre les sexes persistent-elles dans nos sociétés ?
- Regards croisés : quand l’inégalité des sexes se conjugue avec d’autres formes d’injustices sociales
- Chiffres clés et évolutions récentes des inégalités femmes-hommes
- Quelles politiques et actions pour faire reculer l’inégalité entre les femmes et les hommes ?
Pourquoi les inégalités entre les sexes persistent-elles dans nos sociétés ?
Le fossé entre femmes et hommes se creuse bien avant l’entrée sur le marché du travail. Dès l’école, les choix d’orientation ne sont pas neutres, et les chiffres de l’INSEE le rappellent : la répartition des filières porte la marque des stéréotypes. Les garçons investissent majoritairement les filières scientifiques, généralement mieux rémunérées, tandis que les filles s’orientent vers les métiers du social, de la santé, ou de l’éducation.
À la maison, la donne ne change pas vraiment. Les femmes prennent encore en charge la grande majorité des tâches domestiques. Leur progression professionnelle s’en trouve freinée, l’indépendance financière compromise, les inégalités se voient jusque sur les fiches de retraite. Ces disparités n’ont rien de fortuit : le système fonctionne ainsi depuis des décennies.
Cette spirale ne se limite pas à la sphère privée. Violences intrafamiliales, discriminations à l’embauche, précarité des temps partiels : autant d’obstacles qui frappent de plein fouet les femmes les plus modestes, particulièrement celles qui élèvent seules leurs enfants. L’accumulation de ces difficultés façonne un parcours semé d’embûches.
Modifier les lois ne suffit pas si les regards et les mentalités ne bougent pas. Les stéréotypes sur le féminin et le masculin s’entretiennent dès l’école, dans les familles, les médias, dans la rue. Si les textes avancent, l’état d’esprit change plus lentement. C’est là que le chantier s’annonce le plus ardu : revoir les bases des rapports de genre pour avancer vraiment.
À l’endroit précis où se rencontrent discriminations de genre et inégalités sociales, la réalité saute aux yeux. Prenons les familles monoparentales : dans l’immense majorité des cas, ce sont des femmes qui assument seules l’intégralité de la responsabilité parentale. La conséquence est nette : le risque de tomber dans la précarité explose et la pauvreté s’installe durablement.
Dans les secteurs où les femmes sont les plus nombreuses, reconnaissons-le, le salaire reste en deçà et la reconnaissance aussi. Les difficultés liées à la pénibilité du travail ne font pas de différence. Celles qui endurent plusieurs facteurs de vulnérabilité, femmes, issues de l’immigration, habitants de quartiers populaires, en situation monoparentale, se retrouvent systématiquement en première ligne.
Voici quelques exemples qui illustrent comment ces inégalités prennent forme au quotidien :
- Les filles issues de quartiers populaires ou de familles modestes choisissent, bien plus fréquemment, des filières peu reconnues et moins rémunératrices à long terme.
- Les garçons de ces mêmes environnements subissent également certains conditionnements, mais restent dans l’ensemble moins exposés à la précarité des emplois à temps partiel.
Pour les femmes qui assument seules l’éducation de leurs enfants, le cumul des difficultés est criant. Selon l’INSEE, plus d’un tiers d’entre elles vit sous le seuil de pauvreté. Les stéréotypes de genre se superposent à ceux qui touchent la classe sociale, l’origine, l’âge. C’est tout un faisceau d’inégalités qui pèse de manière très concrète sur les parcours de vie.
Chiffres clés et évolutions récentes des inégalités femmes-hommes
Les chiffres se passent de commentaire. En France, l’écart de salaire entre femmes et hommes atteint encore 15,4 % en 2023 pour un même temps de travail, d’après l’INSEE. Cette différence recule lentement, mais le chemin reste long. Les parcours professionnels des femmes sont, dès le départ, freinés par des plafonds invisibles.
La progression des femmes sur le marché du travail est bien réelle : aujourd’hui, 68 % des femmes contre 75 % des hommes occupent un emploi selon l’OCDE. Pourtant, 28 % d’entre elles travaillent à temps partiel, contre seulement 8 % des hommes. À la fin de leur parcours professionnel, la pension de retraite des femmes est inférieure de 40 % à celle des hommes, preuve d’une accumulation de désavantages sur toute une vie.
Quelques données permettent de saisir l’étendue de la situation :
- Plus de 90 % des familles monoparentales ont une femme à leur tête.
- Environ 220 000 femmes déclarent chaque année avoir été victimes de violences conjugales selon le ministère de l’Intérieur.
Les stéréotypes de genre continuent de marquer l’orientation scolaire : seules 28 % des élèves des filières scientifiques sont des filles. La lutte pour l’égalité professionnelle et contre les discriminations continue, accompagnée par des associations et institutions nationales et internationales.
Quelles politiques et actions pour faire reculer l’inégalité entre les femmes et les hommes ?
En France, différentes initiatives avancent en parallèle. Les entreprises doivent maintenant rendre public un index sur l’égalité salariale et l’évolution des carrières, avec sanctions à la clé quand les résultats ne suivent pas. Pourtant, d’après l’INSEE, à peine 2 % des sociétés ont subi des sanctions en 2023, signe d’un système encore trop timide.
Le débat sur la reconnaissance et la rémunération des métiers à majorité féminine prend de l’ampleur. Salaires qui stagnent, manque de valorisation, alors que la société repose en grande partie sur ces professions, santé, social, éducation. Des syndicats réclament une refonte des grilles salariales et une meilleure reconnaissance réelle de ces métiers.
À l’école, le combat contre les préjugés sexistes s’accentue. Certaines initiatives, accompagnées par des organismes engagés comme l’UNICEF, œuvrent pour que davantage de filles aient accès aux filières scientifiques et technologiques. Les enseignants sont formés à repérer et déconstruire les biais, même si l’application diffère énormément d’une académie à l’autre.
Les principales mesures d’action suivent plusieurs lignes directrices majeures :
- Publication d’un index sur l’égalité professionnelle par les entreprises
- Revalorisation des secteurs dits féminisés
- Actions éducatives pour déconstruire les stéréotypes
La question de l’autonomie des femmes et des filles se pose avec force. Meilleur accès au crédit, programmes de soutien à la création d’entreprise, accompagnement renforcé pour les familles monoparentales : ces leviers sont indispensables pour établir de nouvelles règles du jeu. L’égalité femmes-hommes ne passera pas par de petits ajustements, mais par une transformation de fond. Le signal est lancé ; il reste à voir jusqu’où la société acceptera de bousculer l’ordre établi.
