Un adulte sur quatre rencontre au moins un épisode de trouble psychologique au cours de sa vie. Pourtant, ces troubles restent largement sous-diagnostiqués malgré leur prévalence. Les symptômes varient d’une personne à l’autre et se manifestent parfois de façon discrète, rendant le repérage complexe même pour les professionnels de santé.
Certaines formes de ces maladies s’installent progressivement, d’autres surgissent brutalement. La diversité des manifestations complique le recours à un dépistage systématique, alors que des solutions existent pour en limiter l’impact et faciliter la prise en charge.
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La santé mentale, un enjeu majeur et souvent méconnu
La santé mentale reste trop souvent ignorée dans les politiques publiques, alors qu’elle façonne profondément la vie de chacun. L’Organisation mondiale de la santé place les troubles mentaux parmi les cinq principales causes d’incapacité à l’échelle mondiale. Ces données, massives, pointent une réalité sociale qui se heurte encore au silence et à la stigmatisation.
En France, près de 27 % de la population vit avec un trouble psychiatrique. Sur la planète, une personne sur deux connaîtra un trouble mental au cours de son existence. Le Canada n’échappe pas à la règle : chaque année, 20 % des adultes y sont concernés par un problème de santé mentale. Derrière chaque chiffre, il y a des histoires bouleversées, des familles qui cherchent à comprendre, une société parfois dépassée par l’ampleur du phénomène.
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Voici quelques repères pour saisir l’étendue de la réalité :
- Près d’un tiers des Français disent avoir, dans leur entourage, une personne touchée par des troubles de santé mentale.
- Les troubles mentaux frappent sans distinction : âge, sexe, origine, nul n’est à l’abri.
La santé mentale ne se limite pas à l’absence de pathologie. Il s’agit d’un état de bien-être, d’une capacité à affronter les aléas de la vie, à tisser du lien social, à participer à la communauté. Pourtant, le sujet reste tabou. Les problèmes de santé mentale peinent à s’imposer dans les débats, alors même que les données révèlent la fragilité collective. Faire de la santé mentale un sujet de société demande de briser l’ignorance et d’engager des moyens, sur la durée, à la hauteur des enjeux.
Quels sont les troubles psychologiques les plus courants aujourd’hui ?
Les classifications médicales comme le DSM ou la CIM dressent la liste détaillée des souffrances psychiques. La dépression arrive en tête, de loin la maladie mentale la plus courante. Elle traverse tous les milieux, n’épargne ni les jeunes, ni les adultes, ni les seniors, et s’affiche par une perte d’énergie, une tristesse qui s’installe, un retrait progressif. Les troubles anxieux la talonnent : phobies, attaques de panique, TOC… Autant de formes différentes d’une inquiétude qui paralyse et isole.
À cela s’ajoutent les troubles bipolaires, faits de montagnes russes émotionnelles, avec des hauts intenses et des bas vertigineux. Les troubles du comportement alimentaire, anorexie, boulimie, hyperphagie, apparaissent souvent tôt dans la vie. Moins fréquente mais radicale, la schizophrénie touche environ 1 % de la population mondiale et bouleverse la perception de la réalité. L’autisme concerne près de 430 000 personnes en France, dont beaucoup d’enfants.
Ces troubles se manifestent par des signes bien spécifiques, à garder en tête :
- Dépression : fatigue persistante, désintérêt, troubles du sommeil
- Troubles anxieux : anxiété envahissante, crises d’angoisse, phobies
- Troubles bipolaires : alternance de phases d’exaltation et de dépression
- TOC : obsessions récurrentes, comportements compulsifs
- Troubles du comportement alimentaire : restrictions, crises alimentaires incontrôlées
- Schizophrénie : hallucinations, idées délirantes, isolement social
À cette liste s’ajoutent les troubles de la personnalité (comme le trouble borderline, narcissique ou antisocial), les problèmes liés à l’usage de substances, ou encore le stress post-traumatique. Chaque diagnostic révèle une histoire unique, des symptômes variés, une évolution parfois imprévisible. Les clichés s’effacent vite face à la diversité des situations et des vécus.
Reconnaître les signes : symptômes à ne pas ignorer
Repérer un trouble psychologique n’a rien d’évident. Les premiers signes avancent masqués : fatigue qui ne passe pas, perte de motivation, retrait social. Les troubles psychiques s’expriment de façon multiple, parfois discrète, parfois brutale, selon la nature du trouble. Chez les adolescents et jeunes adultes, l’apparition de comportements inhabituels, d’une tristesse qui s’installe ou de changements soudains dans la manière de se lier aux autres doit attirer l’attention.
La dépression se traduit par une humeur sombre, des pensées noires, une lenteur générale. Les troubles anxieux génèrent un état d’alerte permanent, avec des crises de panique ou des obsessions qui s’imposent, comme dans le TOC. Les troubles bipolaires alternent entre euphorie et désespoir, avec parfois un risque suicidaire. Les troubles du comportement alimentaire bouleversent le rapport à la nourriture, entre privations et excès répétés.
D’autres signaux doivent être connus pour mieux réagir :
- Schizophrénie : hallucinations, idées délirantes, troubles de la pensée
- Personnalité borderline : émotions instables, impulsivité, conduites à risque ou automutilation
- Autisme : difficultés à communiquer, isolement, troubles du langage
- Personnalité antisociale : indifférence aux autres, non-respect des normes sociales
La plupart de ces troubles apparaissent dès l’adolescence ou au début de l’âge adulte : 75 % des diagnostics sont posés avant 25 ans. Il faut donc être attentif à tout changement de comportement, à l’isolement, aux discours incohérents ou à l’agitation soudaine. Détecter ces signaux permet de proposer un accompagnement adapté, avant que la souffrance ne s’installe durablement.
Prendre soin de soi ou d’un proche : quelles solutions et accompagnements possibles ?
Reconnaître un trouble psychique n’est qu’une étape. Il faut ensuite agir. Souvent, tout commence par un doute, une inquiétude pour soi-même ou pour quelqu’un de proche. Pourtant, seule une minorité de personnes concernées franchit le pas vers un professionnel de santé. Pour avancer, il est nécessaire de consulter un psychiatre ou un psychologue qui pourra poser un diagnostic fiable, même si la peur du regard des autres freine encore trop de démarches.
Si certains facteurs de risque, hérédité, difficultés sociales, traumatismes, augmentent la vulnérabilité, ils n’expliquent pas tout. Heureusement, il existe aussi des facteurs de protection : un entourage solide, un cadre de vie rassurant, la possibilité d’être écouté rapidement. Parfois, une hospitalisation s’impose pour rétablir un équilibre, sous contrôle médical. Dans d’autres cas, la perte d’autonomie oblige à mettre en place une protection juridique.
Des initiatives se multiplient pour améliorer la prévention et l’accompagnement. Le secourisme en santé mentale lancé par PSSM France en est un exemple : ces formations donnent des outils concrets pour repérer les signaux d’alerte et orienter vers les bons interlocuteurs. Les universités, les associations, les collectifs renforcent cette vigilance autour des personnes vulnérables. Au Canada, l’Université du Québec en Outaouais propose la plateforme LaPProche pour soutenir les familles.
Voici quelques pistes concrètes pour ne pas rester seul face à la maladie :
- Consulter un professionnel spécialisé
- Bénéficier d’un accompagnement associatif
- Recourir à l’hospitalisation ou au suivi ambulatoire
- Demander un soutien juridique en cas de perte d’autonomie
- Suivre une formation adaptée pour les proches
Les troubles mentaux traversent toutes les catégories sociales, sans distinction d’âge ni de sexe. Pour y répondre, il faut mobiliser bien plus que la médecine : la société entière, les proches, les institutions, ont leur rôle à jouer. Il s’agit de faire en sorte que la souffrance cesse d’avancer masquée, et que plus personne ne soit contraint au silence.